Je garde le rythme avec une dizaine de lectures ce mois-ci, dont deux vraiment très bonnes.
Les terres dévastées, de Emiliano Monge.
Au Mexique, des migrants sont trahis par leurs passeurs et séparés en deux convois pour être vendus. Ils ne forment qu’une masse sans voix. En même temps, on suit convoyeurs et principalement un couple qui ne parvient pas à communiquer, le tout dans un monde déshumanisé fait de trahisons, de brutalité, de bestialité.
Je savais qu’un livre sur le trafic d’être humains ne serait pas joyeux mais là on est dans ce que l’humanité fait de pire.
Pour couronner le tout le style est vraiment exigeant. Pour lecteurs avertis.
★★
Les affinités, de Robert Charles Wilson.
Une société met au point un test neurologiques permettant de classer les individus parmi 22 affinités, ou groupe de personnes ayant les même tendances comportementales. Ces personnes peuvent ensuite rejoindre une « tranche », un groupe local. Cela fonctionne tellement bien que des liens sociaux très forts se créent, plus forts que les liens familiaux ou amicaux antérieurs. Cela crée aussi des divisions dans la société et des compétitions entre affinités différentes.
Je suis mitigée sur ce livre. J’attendais, je crois, une vision « macro » des affinités alors que l’auteur nous fait suivre la vie d’Adam, dans sa famille, avec ses problèmes personnels. Cela tourne au conflit privé puis limite au thriller quand une autre affinité est prête à tout pour obtenir le pouvoir.
A part cette légère déception, je reconnais que ce roman très bien écrit. Les personnages sont approfondis et crédibles. Je conseille donc cette lecture si on n’est pas trop attaché au côté science-fiction.
★★★
Station Eleven, de Emily St. John Mandel.
Un acteur célèbre décède sur scène le premier jour de l’apparition d’un virus mortel. Sa vie et celles de ses connaissances, avant et après la catastrophe, serviront de fil rouge, dans ce superbe roman post-apo. J’ai adoré la construction, en puzzle, dans laquelle on ne se perd cependant pas.
Des thèmes importants sont abordés tels que l’intégrisme religieux, l’importance de l’art, le destin mais sans jamais plomber le récit.
Une belle lecture que je recommande à tous.
★★★
Snjór, de Ragnar Jónasson.
Un polar à huis-clos dans une petite ville du nord de l’Islande. On découvre les personnages en même temps que Ari Thor, jeune recrue de la police, fraîchement arrivé de la capitale. Ce polar prend bien son temps, un peu comme la série Inspecteur Barnaby, mais dans le froid islandais. Vite lu et vite oublié mais c’était un bon moment.
★★★
Orgueil et préjugés, de Jane Austen.
Un grand classique qu’on ne présente plus mais que je n’avais encore jamais lu.
J’ai trouvé le début tellement laborieux que je me suis aidée de la série de la BBC pour me mettre dans l’ambiance (très bonne série, sois dit en passant. C’est elle qui a lancé la carrière de Colin Firth qui interprête Mr Darcy en 1996). Ensuite, sa seconde moitié était plus rythmée. Néanmoins, je ne suis absolument pas tombée sous le charme de Mr Darcy. Je l’ai trouvé bien trop victorien (raide et plein de principes). L’histoire est certes moderne pour l’époque mais 400 pages avec pour seule obsession de faire des mariages avantageux ce n’est pas un coup de coeur.
★★★
Premier coup de coeur du mois avec Le palanquin des larmes, de Chow Ching Lie.
Ce livre dépeint essentiellement la condition de la femme en Chine au XXe siècle en suivant la vie de Chow Ching Lie, citadine mariée à 13 ans à une famille riche.
On est vraiment plongé dans la Chine « féodale » d’avant Mao, puis on suit les diverses révolutions dans le quotidien de cette petite fille. C’était à la fois une lecture passionnante et très instructive. J’ai été étonnée par la manière dont l’autrice, tout en reconnaissant les « erreurs » de Mao (tribunaux expéditifs, déportations, lavage de cerveau,…), le défend tout le long du livre.
★★★★
L’épreuve, tome 3 : Le remède mortel, de James Dashner.
Nous suivons toujours Thomas, qui se pose la question de son implication personnelle dans ces épreuves depuis maintenant 2 tomes. On s’attend donc à des explications mais on a droit encore principalement de l’action qui n’apporte plus grand-chose, Thomas refusant dès les premières pages de recouvrer la mémoire. J’imagine que l’attrait des tomes suivants qui expliqueront le passé de Thomas pesaient dans la balance…
Le moins bon tome de la trilogie, selon moi. Par contre, j’ai trouvé amusant que la description de Denver, avec les gens masqués qui gardent leurs distances, soit limite moins exagérée que la réalité de 2020
★★
De bons présages, de Terry Pratchett & Neil Gaiman.
La fin du monde est prévue pour samedi. Pas de bol, l’antéchrist a été échangé à la naissance…
Je suis partagée par cette lecture : d’un côté j’ai beaucoup ri et j’ai vraiment aimé l’histoire. D’un autre côté, j’ai vraiment eu du mal à avancer dans la lecture, peut-être parce que l’action passe d’un protagoniste à l’autre, d’un gag à l’autre et demande quand même une certaine concentration. Je ne sais pas. Peu importe, si vous adorez l’humour de Pratchett ou des Monty Pythons, ce livre est pour vous.
★★★
Internet rend-il bête ?, de Nicholas Carr.
Comment les outils façonnent notre esprit.
(Re)lecture très intéressante, surtout la partie historique, avec les révolutions qu’ont été la lecture et l’horloge. Ce livre a plus de 10 ans mais son sujet est toujours très pertinent.
★★★★
Quarantaine, de Peter May.
Un polar en pleine pandémie de grippe aviaire, écrit en 2005 mais pour lequel l’auteur n’avait pas trouvé d’éditeur parce que c’était jugé trop irréaliste…
On suit Jack MacNeil, policier bien déterminé à élucider le mystère d’un squelette d’enfant retrouvé dans un chantier de construction d’un hôpital d’urgence.
Un polar qui se lit d’une traite. L’ambiance de grave pandémie à Londres est bien rendue. J’ai bien aimé suivre tous les protagonistes. Ce n’est pas de la grande littérature mais je recommande cette lecture si vous cherchez un bon polar classique dans cette ambiance.
★★★
Et on termine par un énorme coup de coeur : La vraie vie, de Adeline Dieudonné.
Une famille « assez » normale : une jeune fille, son petit frère, son père autoritaire et chasseur à ses heures, sa mère effacée. Et puis les enfants assistent à un accident et tout bascule petit à petit…
J’ai commencé cette histoire en ne sachant plus vraiment de quoi ça parlait et j’ai été happée. Le suspens s’amplifie au fil des pages, impossible de lâcher de roman. C’est extrêmement noir et en même temps on veut croire que la part d’humanité qu’arrive à conserver cette petite fille ne sera pas détruite. Vraiment bon !
Sans vouloir trop en dire, ce roman m’a fait penser à « Il faut qu’on parle de Kevin », en plus concis. Vraiment brillant.
En bonus, c’est une autrice belge.
★★★★
C’est tout pour avril. A bientôt.
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